Tours à signaux
Les Tours à signaux du Roussillon
Un réseau de surveillance vieux de plusieurs siècles
Les tours à signaux présentes dans le département des Pyrénées-Orientales sont des éléments défensifs qui remontent au Moyen-Âge. Elles servaient à faire circuler une information rapidement d’un lieu à un autre. Une sorte de système de télécommunication avant l’heure !
Ces réseaux de tours étaient déjà employés par les romains. Mais il furent surtout développés par les carolingiens qui les utilisèrent notamment en Corse.
La particularité du réseau de tours à signaux du Roussillon est d’avoir était construit en même temps. L’objectif principal de ses tours était la surveillance d’un territoire frontalier. Les anciens comtés du Roussillon, Cerdagne, Vallespir disposent donc un réseau de tours uniformes et homogènes. Ce sont les rois de Majorque, qui créèrent ce système d’alerte assez efficace dès le XIII éme siècle. Il sera étoffé par les rois d’Aragon jusqu’en 1390, puis progressivement abandonné.
C’est donc sous l’égide des rois de Majorque puis d’Aragon que furent construites les tours que vous pouvez observées encore aujourd’hui.
Basée sur des constructions neuves, elles étaient destinées à indiquer faire descendre une information des montagnes vers la plaine où se trouvaient les châteaux royaux de Perpignan et de Collioure. Les tours étaient donc bâties sur les hauteurs de façon à être vues du fond de la vallée ou de la plaine.
Mode de communication des tours à signaux
Ces tours communiquaient entre elles via un seul moyen : le feu.
La journée, la fumée se voyait au loin. La nuit, c’est l’éclat des flammes qui faisait office de signal. Au XIVe siècle leurs usages furent règlementés. Les signaux étaient nommés des « farons » ou « faraons ». Le « faraoner » était celui qui était en charge de la tour.
Il était possible également de donner des précisions sur les troupes en présence en faisant des nuages de fumée, un peu comme les indiens. Ce système fonctionnait bien : un nuage par 500 hommes à pieds.
En Vallespir le système de relais de l’information via les tours était assez complexe. Les châteaux de Cabrenc (Serralongue) et la ville de Prats-de-Mollo étaient des points centraux. De Cabrenc les signaux partaient vers différentes directions.
La tour de Palalda assurait la liaison vers l’aval de la vallée, en direction de la Massane, mais aussi en direction de la vallée de la Têt via la tour de Montbolo.
La tour de Corsavy elle, informait l’autre versant, plus en amont, et passait le relais à la tour de Batère qui faisait transiter le signal vers le Conflent.
La tour de Cos (une ancienne tour entre Le Tech et Montferrer) passait le signal à la tour de la Guardia, sur les hauteurs de Prats-de-Mollo, et au fond de la vallée à la tour d’En Mir en direction de la Preste.
L’Architecture standard d’une tour à signaux
Concrètement, toutes les tours des rois de Majorque ont été bâties de la même façon. Il s’agit d’une construction d’une seule pièce de forme conique sur sa partie inférieure et cylindrique sur la partie supérieure, d’une hauteur totale comprise entre 10 à 15 mètres.
Les murs sont percés de meurtrières tout les 2 mètres disposées en colimaçon de façon à suivre l’escalier interne qui monte à l’étage. Le plancher est fait en bois et le toit de l’édifice est variable, la plupart du temps il s’agit d’un toit en pointe à la charpente de bois, ce qui explique qu’on en retrouve plus aucune trace sur les tours encore existantes.
Parfois la partie basse conique n’existe pas, la tour ressemble alors à un parfait cylindre de pierre. Quant au feu il était situé dans une cage de fer, placée en hauteur sur le sommet de la tour. Cette cage avait tendance à s’abîmer et il fallait la renouveler régulièrement.